Handball Les équipes de France de Handball / Des petits jeux.

2012 Champions olympiques à Londres

Revoir la finale :

"L’OR ET LA LÉGENDE !"

Extrait de la Newsletter Handline n°474 du lundi 13 août 2012

Les Experts ont conclu cinq années de domination sans partage sur la planète handball par un deuxième titre olympique, hier en finale contre la Suède. Les plus beaux superlatifs ne suffisent pas à qualifier l’exploit de ces Bleus jamais rassasiés et toujours aussi forts. L’exploit de ces gars en or, qui font maintenant partie de la légende du sport international.

podium JO de Londres

Le clin d’œil était drôle. Tellement sympathique, mais aussi porteur de sens et de symbole. En effectuant le geste de victoire d’Usain Bolt à leur montée sur le podium, les quinze handballeurs français ont établi, sans forcément le vouloir, une comparaison légitime. Avant ces Jeux de Londres, la star jamaïquaine répétait qu’elle devait conserver ses deux titres sur 100 et 200 mètres avant de pouvoir être considérée comme une légende. Les Experts sont devenus hier des légendes du handball, comme Usain Bolt en est devenu une en athlétisme. Ils ont réussi à conserver leur titre olympique, ce que seuls les Russes avaient réussi par le passé, sous la bannière de l’URSS en 1988 et de la CEI en 1992. Mais leur exploit londonien s’inscrit dans une lignée encore plus exceptionnelle. Car la France a également trusté tous les titres depuis le printemps 2008, hormis cet Euro d’il y a quelques mois, une compétition qui, de l’aveu même de Claude Onesta après la finale mondiale de Malmö qui les avait directement qualifiés pour Londres, devait leur servir de préparation pour les Jeux.

Cette équipe monumentale n’a jamais eu d’équivalent en France, dans aucun autre sport collectif. Les handballeurs tricolores ont remporté les cinq finales qu’ils ont disputées depuis Pékin, sur six possibles. L’Islande s’y est bien essayée, en Chine. La Croatie y a cru, par deux fois, sur son sol puis en Autriche. Le Danemark pensait son heure venue, à Malmö. La Suède a pleinement joué son rôle d’outsider, à Londres. Mais tous ont connu la même issue, argentée. L’or est une valeur refuge trop bien gardée dans le coffre-fort bleu-blanc-rouge. Pour mesurer la signification de cette accumulation de performances, il est nécessaire de rappeler que pour gagner ces cinq finales, il faut remporter au préalable cinq demi-finales, et négocier autant de quarts de finale ou de phases de poules ultra-denses et serrées. On ne répétera jamais assez combien il est difficile de traduire en résultats une force collective a priori supérieure. Le meilleur exemple en a encore été donné il y a quelques jours par les Femmes de Défis, qui ont quitté Londres sans rien autour du cou alors qu’elles étaient si près d’une médaille à la couleur tirant fortement sur le jaune…Onesta : « Tout autre résultat que l’or aurait été une déception » La bonne étoile a veillé sur les Experts, mercredi lors du quart de finale face à l’Espagne. Comme le souligne Daniel Narcisse, « l’histoire est différente à chaque fois, mais elle est toujours incroyable avec cette équipe. Si William (Accambray) n’est pas là en quart de finale, je ne sais pas où on aurait fini. En demi-finale, c’est Titi (Omeyer) qui est énorme, et en finale on est monstrueux, tous ensemble. » L’icône des Bleus, Nikola Karabatic, sent bien également que son équipe a écrit l’histoire en empilant cinq titres ces cinq dernières années : « C’est impressionnant, mais je ne me préoccupe pas de ces questions d’histoire. C’est aux médias et au public d’en parler et d’apprécier. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il est encore plus difficile de conserver un titre que de gagner le premier, car tout le monde t’attend au tournant, les adversaires comme les médias. Maintenant, on peut mourir tranquilles. Le plus tard possible, bien sûr, mais tranquilles ! »

Les Experts ont placé la barre tellement haut qu’ils ont déprécié la valeur des médailles d’argent ou de bronze. Imaginez que Luc Abalo, qui ne fêtera ses 28 ans que le mois prochain, est déjà double champion olympique, double champion du monde et double champion d’Europe… Et Xavier Barachet, à seulement 23 ans, n’a qu’un titre olympique et un titre européen à lui envier ! On n’ose même pas parler de leurs coéquipiers un peu plus âgés, à qui il faut encore ajouter tant de lignes prestigieuses au palmarès, ni de toutes les Ligues des Champions et autres titres décrochés en club par ces monstres du jeu à sept. [...] On en viendrait presque à plaindre les adversaires des Bleus, privés ces dernières années de récompenses suprêmes qu’ils méritaient sans doute. A commencer par la superbe équipe croate, dont le plus grand tort aura été d’être la contemporaine de l’exceptionnelle génération tricolore. On espère pour eux qu’ils n’ont pas écouté, hier soir, le capitaine français, Jérôme Fernandez : « Je suis extrêmement fier de mon groupe pour tous les efforts consentis depuis huit semaines. Et j’espère qu’on aura encore beaucoup d’ambition sur la prochaine compétition. » Mais qui a dit que les Experts étaient rassasiés ?!