30 ans après son avènement sur la scène mondiale, c’est à nouveau à Stockholm que l’équipe de France a retrouvé la couleur de l’argent.

Dimanche passé, à Stockholm, l’équipe de France a complété sa collection mondiale débutée en Suède il y a exactement trente ans par une finale dans la salle voisine de la Télé2 Arena. Une 12e récompense au cours d’une période marquée par la conquête de 6 titres mondiaux, quatre médailles de bronze et donc de deux médailles d’argent. Une couleur rare dans le palmarès, presque une incongruité : les handballeurs français ont seulement perdu trois finales : la première encourageante en 1993, la seconde traumatisante en 2016 à Rio et la troisième, captivante, en 2023.

En constante évolution depuis l’arrivée de Guillaume Gille aux commandes des Bleus en janvier 2020, l’équipe de France était cette fois privée de deux champions olympiques (Timothey N’Guessan et Hugo Descat blessés) en plus des trois qui ont remisé leur maillot bleu au soir de la finale des J.O. de 2021 (Luc Abalo, Michaël Guigou et Yann Genty). Les absences de Karl Konan, de Benoît Kounkoud d’Aymeric Minne et de Wesley Pardin (tous en raison de blessure) présents lors de l’EHF EURO 2022 ont manqué à l’appel de ce Mondial. Largement de quoi modifier le visage de l’escouade tricolore tout en permettant le retour convaincant d’Élohim Prandi, l’éclosion de Thibaud Briet et les premiers pas de Charles Bolzinger.

APRES-MATCH:
Première médaille pour Bolzinger, Briet, Desbonnet, Lenne, Nahi et Prandi : Mathieu Grebille, champion du monde 2015 et rappelé en cours de compétition l’an passé pour pallier les cas de Covid-19, a pleinement contribué, tant sur son aile que dans le bloc défensif, au parcours des Bleus. Rémi Desbonnet s’est aussi révélé dans un rôle majeur : en quart de finale mondial, il est entré au relai de Vincent Gérard, pour faire plier l’Allemagne dans un grand rendez-vous. Les ailiers Yanis Lenne de Dylan, respectivement appelés dès 2016 et 2017, sont aussi récompensés pour la première fois par une médaille mondiale.

Deux pays hôtes balayés:
Le tirage au sort n’avait pas épargné l’équipe de France. Confrontés d’entrée aux Polonais dans la Spodek (« soucoupe ») de Katowice, les Bleus ont lancé leur campagne mondiale, sans trembler. Victorieux ensuite des Saoudiens puis des Slovènes, ils ont voyagé sereinement vers Cracovie pour un tour principal sans danger majeur. Valentin Porte, Dika Mem et le capitaine Luka Karabatic, tour à tour, étaient de passage à l’infirmerie et manquaient quelques-uns des matchs qui rapprochaient les Bleus du tableau final. Trois nouveaux succès, face aux Monténégrins, aux Iraniens et aux Espagnols, propulsaient les champions olympiques vers Gdansk et un quart de finale croustillant face à l’Allemagne. La nette victoire (35-28) face aux voisins d’Outre-Rhin, envoyait les Bleus dans le carré final pour la 4e fois d’affilée (Mondial 2021, J.O. 2021, Euro 2022) pour participer à la distribution des médailles. Victorieuse de l’Égypte en quarts mais orpheline de son meilleur joueur Jim Gottfridsson, blessé dès l'entame face aux Pharaons, la Suède comptait sur 22000 fans pour réaliser la passe de trois : les Suédois avaient en effet privé les Bleus de la finale du Mondial égyptien puis de celle de l’Euro, l’an passé. Cette fois, avec un excellent Vincent Gérard, et à la baguette un Nedim Remili étincelant, la France filait en finale avec une élégance déconcertante. Diffusée sur beIN SPORTS et sur TF1, cette demi-finale rassemblait les Français derrière leur équipe favorite des longues soirées d’hiver.

Rendez-vous Final manqué: Les Bleus allaient traîner comme un boulet leur départ poussif face aux Danois en quête d’une troisième couronne mondiale consécutive, un record. Menés 3-0 et dans l’incapacité de marquer pendant les 5 premières minutes, les Bleus comptaient un seul but de retard à la pause (15-16), de quoi s’offrir un dernier round exaltant et toujours devant un public rassemblé derrière ses écrans : la finale débutée à 21h, une première à cet horaire réservé aux cousins du foot, garantissait son lot de suspens mais à la fin, les Danois l’emportaient avec maîtrise (34-29). L’amertume se lisait sur tous les visages des Tricolores venus garnir leur tunique d’une 7e étoile. « À la mi-temps, on est à -1, on se bat, une grosse bataille contre la marée, mais à la fin on ne gagne pas…Vraiment, je veux remercier tout le monde qui a fait le maximum pour atteindre l’objectif final. Ce n’est pas à cause des absents qu’on perd la finale, ce soir on a vu seize guerriers sur le terrain », tenait à souligner Nedim Remili magnifique de constance, baguette en main, trois semaines durant. Son alter-ego à la mène, Kentin Mahé, a aussi participé à ce clin d’œil de l’histoire jusque dans les bras de son père Pascal médaillé d’argent aussi en 1993 et présent à Stockholm 30 ans après pour encourager le fiston. « C’est forcément une tristesse de finir sur une deuxième place. On n’a pas démérité pendant toute la compétition, loin de là. On a défié tout le monde, on a battu certaines des meilleures équipes du monde. Il y a clairement quelque chose qui se passe dans ce groupe. Pour l’avenir, il faut se servir du cap qu’on a passé. » Injustement harcelé par les courageux planqués derrière leurs claviers fielleux, Vincent Gérard résumait l’impression générale. « On avait eu un parcours sans faille jusque-là, en battant l’Allemagne, l’Espagne et la Suède chez elle, là il faut dire bravo aux Danois. Il va falloir trouver vite le positif, il faudra comprendre ce qu’on a raté mais aussi ce qu’on a fait de bien, et je suis sûr qu’il y a plein de trucs dans cette colonne aussi. On a manqué la dernière marche, mais peut-être qu’on s’est juste donné rendez-vous pour la prochaine fois… » La suite devrait s'écrire en Allemagne pour l'EHF EURO 2024 dont les 3e et 4e tours de qualifications enverront les Bleus défier à novueau la Pologne (à Gdansk le 8 mars prochain) avant la réception à Aix-en-Provence, le 11 mars.

Hubert Guériau

Résultats IHF Mondial 2023 masculin en Pologne et Suède